Avec l'aimable autorisation de l'auteur Jacques Cros

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...C'est ici, à la baraque des gardes, au lieudit Roquefargue, que s'est établi en août 1943 le
premier maquis de l'Hérault. Il a pris le nom de Jean Grandel.
Jean Grandel était originaire de Béziers et avait été élu maire de Gennevilliers en 1934.
Ancien secrétaire de la Fédération Postale Unitaire, Jean Grandel rejoint en Espagne les
brigades Internationales. Il y organise un véritable service postal militaire pour les
combattants de ces brigades.
Arrêté en juillet 1940, Jean Grandel sera fusillé par les Allemands à Châteaubriant le 22
octobre 1941. Dans sa dernière lettre il dira aux siens : «Je vous lègue mon courage en
héritage» et sur une planche du baraquement où il est prisonnier il écrit «Nous vaincrons
quand même».
La création du maquis est l'œuvre de trois enseignants : Henri Lauriol, instituteur et
secrétaire de mairie à Prémian, André Allègre et Antoine Beille respectivement à l'école
primaire et au collège de Saint-Pons de Thomières. Participe également à l'installation et
au ravitaillement du maquis de Prémian Paul Barthès, le fils du boulanger de la commune.
Les trois premiers sont d'obédience Front National, expression qui n'a strictement rien à
voir avec le parti politique d'extrême droite que nous connaissons aujourd'hui.
Antoine Beille est de Nissan où un groupe du Front National a été créé dont la
responsabilité a été confiée à Auguste Parmène qui deviendra par la suite instituteur.
Le maquis Jean Grandel, qui dans un premier temps s'appelle Camp Z, a pour objectif la
formation de cadres. L'effectif ne sera jamais très nombreux, une quinzaine au maximum.
Le premier responsable en est Amilcar Calvetti. Il sera remplacé par Victor Meyer. On compte
parmi les résistants présents à la baraque des gardes Joseph Lantenois qui a travaillé à
l'agence biterroise de La Marseillaise.
Des actions de sabotage sont organisées loin de Prémian : à Trèbes et Montréal dans l'Aude,
à Mazamet dans le Tarn, à Marcillac en Gironde… Des explosifs sont dérobés aux mines de
bauxite de Bédarieux… Localement des sacs de charbon de bois destinés aux Allemands sont
brûlés. Des tracts, sortis de l'imprimerie Maraval à Saint-Pons, sont distribués. C'est chez
cet imprimeur qu'est tiré le journal «La Voix de la Patrie», ancêtre de L'HERAULT du Jour,
ainsi que «Le Patriote».
Les docteurs Bec et Granier-Rascol, la pharmacienne Germaine Beille, tous trois exerçant
à Saint-Pons auront l'occasion de soigner les maquisards blessés.
Après le combat de Douch le 10 septembre 1943, à l'issue duquel le maquis Bir Hakeim doit
quitter les lieux, la baraque des gardes n'est plus un endroit sûr. Le maquis Jean Grandel
se scinde en deux groupes qui occuperont différents secteurs du Saint-Ponais : l'un
séjournera notamment à Condades, près de Riols, sous les ordres de René Coulet, l'autre aux
Clottes, au sud de Labastide Rouairoux, commandé par le Sétois Alfred Marquez.
Le Chemin de la Mémoire passe par la ferme en ruines de l'Estalabar qui a abrité un temps
les hommes du maquis Latourette (maquis de l'Armée Secrète) replié dans le secteur après de
durs accrochages dans la Montagne Noire. Le maquis déménage le 25 juillet 1944 au château
des Syères, à quelques kilomètres de Fraïsse s/ Agout. Un site favorable à la réception des
parachutages.
Au moment où le maquis Jean Grandel s'installe à Prémian l'unité de la Résistance n'est pas
encore réalisée. Outre le maquis FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français, organisation
militaire du Front National) Jean Grandel vont exister sur le Saint-Ponais un groupe
«Combat» puis MUR (Mouvement Uni de la Résistance). Les conceptions diffèrent sur
l'opportunité de l'action et partant sur la distribution des armes parachutées.
Toutefois lors des combats de Saint-Pons les 20, 21 et 22 août 1944, au cours desquels André
Allègre sera grièvement blessé, c'est de manière coordonnée que sont engagés les différents
maquis.
Tout cela est raconté sur des panneaux explicatifs qui jalonnent le Chemin de la Mémoire...
Jacques Cros
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